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En Une Société & Politique

Un ex co-listier de Jean-Paul Boulet dénonce “le système” et appelle à voter pour Nadège Azzaz

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Entretien réalisé il y a quelques jours à Châtillon, texte relu, corrigé et validé par Guy Honoré Koudjou.

Qui êtes-vous ?

Je suis Guy Honoré Koudjou. Je suis un ancien joueur de football professionnel reconverti en éducateur sportif et directeur de projet. Je suis actuellement doctorant en sciences sociales.

J’habite à Châtillon depuis 11 ans. Je suis membre du parti Les Républicains, représentant élu par les militants de la 12ème circonscription des Hauts-de-Seine. Nous sommes 4 élus à Châtillon.

Lors du 1er tour de l’élection municipale j’étais sur la liste menée par Jean-Paul Boulet.

Vous avez décidé de ne plus soutenir Jean-Paul Boulet, pourquoi ?

J’ai toujours été mal à l’aise avec cette liste. Jean-Paul Boulet a été investi par les Républicains avec le soutien et l’appui de Jean-Pierre Schosteck qui l’avait désigné comme son successeur. Jean-Paul Boulet était auparavant membre de l’UDI, puis il a rejoint Les Républicains uniquement pour avoir l’investiture.

Petit à petit, nous sommes plusieurs à avoir compris que ce n’était pas le candidat idéal. Jean-Pierre Schosteck lui-même n’était pas certain.

La liste a été mal constituée, Jean-Paul Boulet a préféré favoriser des personnes non fiables alors que les vrais républicains, les fidèles, ont été mal traités.

Par exemple, Alain Gazo. Il avait lui-même trahi la majorité, avait pris des positions différentes en Conseil municipal et avait annoncé vouloir faire sa propre liste. Pour cela, il a créé une association composée de quelques parents PEEP qu’il a utilisée pour pouvoir créer un rapport de force et faire croire qu’il avait beaucoup de monde avec lui. Constatant qu’il n’arriverait pas à faire sa liste, il est ensuite allé proposer à Anne-Christine Bataille d’être son 1er adjoint. Comme elle a refusé, il est ensuite retourné voir Jean-Paul Boulet qui a accepté de le reprendre sans demander l’avis à personne. Résultat : voilà une personne non fiable, sans véritable réseau, qui a été mieux traitée que les fidèles.

Nous n’étions pas associés aux décisions. Toutes les décisions étaient prises par Jean-Paul Boulet et sa femme. Ella a joué un rôle très important dans la campagne, comme par exemple avec les documents pour le dépôt de la liste…

Jean-Pierre Schosteck a-t-il participé à la campagne ?

Mais bien sûr ! Jean-Pierre Schosteck était très présent jusqu’à sa mise en examen. Il conseillait Jean-Paul Boulet, il a toujours été là.

Je suis resté jusqu’à la fin par respect, par loyauté pour mon parti politique, Les Républicains. Mais à un moment, on ne peut pas continuer sans se poser de questions, notamment après la mise en examen de Jean Pierre Schosteck pour 10 chefs d’inculpations. J’ai confiance en la justice de notre pays : elle est indépendante, cette mise en examen ne vient pas de nulle part. Il y a forcément des choses vraies liées au système.

Vous parlez d’un système ?

Oui, j’ai vu le système à l’œuvre : les logements sociaux accordés, les emplois familiaux… A la mairie, il y a plein d’emplois familiaux, il n’y a que ça. Cela fait tellement longtemps qu’ils sont là qu’ils ne se rendent même plus compte. Jean-Pierre Schosteck est quelqu’un de sympathique. Je l’aime bien mais c’est la manière de faire, ils sont restés avec des anciens réflexes. On est en 2020. Il faut une autre vision.

Vous semblez avoir un problème avec la femme de M. Boulet ?

La femme de Jean-Paul Boulet est directrice de l’office municipal des sports alors que lui-même est premier adjoint aux ressources humaines et au sport. J’ai attiré son attention à plusieurs reprises sur le fait que sa femme devrait changer de travail avant les élections. Ce n’est pas une affaire de compétences, c’est une question d’éthique et de conflit d’intérêts. Les gens en ont marre de ce genre de choses. Les jeunes, les sportifs ne comprennent pas.

Pour beaucoup, ça ne les dérange pas car ils sont nombreux à vivre aux crochets de la mairie. Je ne dis pas qu’on ne peut pas du tout embaucher quelqu’un de sa famille, mais cela doit se faire sur les compétences. Beaucoup de militants de l’Union Pour Châtillon attendent un emploi ou un logement pour eux ou leurs proches, c’est pour cela qu’ils font campagne.

C’est un système qu’il faut changer. Je connais de nombreux Châtillonnais qui ont toujours voté Jean-Pierre Schosteck et qui vont voter pour Nadège Azzaz ou s’abstenir.

Vous semblez déçu ?

Oui, et quand je vois la liste avec zéro diversité, je suis déçu de ce qu’est devenue cette liste. Il y a de la discrimination. Il parle de renouvellement, mais il y en a en réalité très peu et cette liste ne représente pas Châtillon.

J’ai été choqué des inscriptions « sales arabes » sur une affiche de Nadège Azzaz, j’ai été choqué que ça amuse des militants de la campagne et que personne ne réagisse. Ce n’est pas la politique, ça. Une dame m’a dit sur le marché : « dans les Hauts-de-Seine, on n’est pas prêt à avoir une Maire arabe ». C’est quoi, ce truc ? Moi, quand je m’engage, ce n’est pas une question de couleur de peau ou des origines. Il y a des contre-exemples à droite, comme Rachida Dati en qui j’ai beaucoup d’estime. Je ne pense pas que mon parti Les républicains tolère ce genre de propos.

J’ai aussi été dégouté de la récupération faite lors de la distribution des masques. Ils ont délibérément écarté les autres listes pour préparer la future campagne électorale du second tour. La stratégie de l’équipe Boulet était d’isoler les adversaires. Ils ont fait de la récupération pendant que les gens étaient en train de mourir. Ils ont été incapables de faire une campagne électorale, ils ont fait du bricolage politique et maintenant ils veulent récupérer la crise sanitaire.

Que pensez-vous de la fusion des 3 listes ?

Les 3 listes qui ont fusionné ne s’entendent pas. Ils se sont simplement partagé le gâteau. Mais moi qui étais à l’intérieur, je sais parfaitement qu’ils se détestent. Je les connais par cœur.

Jean-Paul Boulet, avant le 1er tour, avait dit que jamais il ne voudrait s’allier avec eux, que c’étaient des traitres. Nous avions interdiction de saluer Anne-Christine Bataille ou Jean-Claude Carepel (ex 1er adjoint de JP Schosteck et soutien d’Anne Christine Bataille). Une fois où je les ai salués, on m’a dit : « ce sont des traitres, il ne faut pas leur parler ».

S’il avait eu de l’estime de soi, Jean-Paul Boulet aurait dû démissionner. Ce qu’il veut surtout, c’est garder l’emploi de sa femme, même au détriment des Châtillonnais et de la compétence.

S’ils gagnaient, juste après l’élection, ils recommenceraient à se déchirer comme dans le passé car ils ne s’entendent pas du tout. Je ne suis même pas sûr, par exemple, qu’ils choisissent Jean-Paul Boulet comme Maire. Certains pourraient avoir la tentation de voter pour un autre élu comme Maire. Les mêmes problèmes de gouvernance, de disputes recommenceraient rapidement avec cette liste.

Je ne pense pas qu’ils puissent gagner. Carole Guillerm a été investie fin janvier par LREM, elle est inconnue. Son score n’est dû qu’au soutien de LREM. Or désormais, LREM ne la soutient plus et de nombreux électeurs de LREM vont voter pour Nadège Azzaz.

Les Châtillonnaises et les Châtillonnais ne comprennent pas comment Anne-Christine Bataille, qui a tellement dénoncé le système a pu se rallier. La vérité c’est que tous ces gens-là se sont mis d’accord pour se partager les postes et les avantages. Ils sont là pour des intérêts personnels, pas pour celui des Châtillonnais.

Vous soutenez donc Nadège Azzaz désormais ?

J’ai décidé d’apporter tout mon soutien à Nadège Azzaz : j’ai lu son projet, il est cohérent, elle a une bonne liste. Il y a de la diversité de parcours dans sa liste. Il faut un changement à Châtillon, il y a des personnes qui sont à la mairie depuis trop longtemps.

Je suis de droite, mais pour moi le « tout sauf la gauche, tout sauf Azzaz » n’est pas un projet. Je ne comprends pas que des gens qui font de la politique depuis 20 ou 30 ans ont comme seul projet « le tout sauf la gauche ». En plus, ils ont copié le projet d’Azzaz pour faire de la récupération. C’est vraiment ridicule. 

Nous sommes à l’échelon local, pas une élection nationale. J’ai décidé d’apporter mon soutien à J’aime Châtillon.

Les Châtillonnais doivent sanctionner la liste « Rassemblés pour Châtillon ». Voter pour cette liste, pour cette mascarade, c’est être complice de leur système.

J’aime la France, je suis attaché aux valeurs républicaines, je n’ai aucun avantage à dire tout cela, mais je ne pouvais pas me taire. J’ai pris mes responsabilités. Nous sommes nombreux à penser la même chose, y compris chez Les Républicains mais personne n’ose parler. 

C’est trop important pour notre ville.

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